La petite… noire…

En 2012, Guerlain s’appropriait avec force le territoire de la petite robe noire (avec le lancement grand public de son parfum créé en 2008). Un grand classique subitement phagocyté.

Malgré la tentative d’hommage, cela ressemblait à une subtilisation, car n’est-ce pas Gabrielle Chanel qui l’avait démocratisée en 1926 ?

En octobre dernier, l’exposition « La Chaussure, une passion française » présentait de grandes thématiques du soulier. La petite chaussure noire, Christian Louboutin en bonne place, avait son stand au même titre que la botte.

En novembre, le Grand Palais présentait une exposition de photographies de Karl Lagerfeld qui mettait à l’honneur la petite veste noire de Chanel : http://thelittleblackjacket.chanel.com/

Que se passe-t-il donc sur la planète mode ?

Il fut un temps où la mode transcrivait l’évolution de notre société, accompagnant l’émancipation progressive des femmes et provoquait même de grands courants dans tous les domaines (culturels, industriels, technologiques, moraux…). Puis elle est devenue une propriété moins exclusive des couturiers. Il y a quelques années, certains disaient même qu’elle manquait de souffle créatif. Elle s’est mise à revisiter les époques, témoignant de la nostalgie de valeurs repères désormais manquantes dans une société largement bousculée : revival des années 50, 60, 80, années folles… La mode a ainsi revisité toutes ses époques. Que faire aujourd’hui ?

Il semblerait qu’elle cherche maintenant à définir les grands classiques de nos garde-robes, les intemporels. Rythmer les saisons ne suffit plus à la création de mode. Il faut dépasser les frontières du temps, confirmer les héritages et rentrer dans l’éternité.

De plus, la crise insuffle une recherche de sécurité et d’authenticité. Pour se démarquer maintenant, les marques de mode n’ont pas d’autre choix que de retourner dans leur noyau, leurs valeurs, leurs racines. Mais, finalement, qu’est-ce que l’ADN d’une marque  qui s’est toujours attachée à être dans un renouvellement permanent et dont le fondateur a disparu ?

Les créateurs tentent de répondre à cette question en nous rappelant qu’ils sont à l’origine du monde, celui de la mode, à l’origine des grands classiques : le noir, la petite pièce, la robe, la chaussure, la veste, etc.

Ces maisons essaient de nous dire qu’inventer des pièces si incontournables, si indispensables, c’est comme inventer l’eau pour les poissons ou poser la poutre maîtresse d’une maison : la planète mode n’aurait pas vu le jour sans elles. Et elles voudraient bien qu’on ne s’imagine pas le futur de la mode sans elles non plus.

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