700 ans de l’Armagnac – 2e partie

Précédemment, nous avons vu comment l’Armagnac est né et comment il commence à se développer localement. Mais au-delà des mers ?

C’est grâce aux Hollandais que l’Armagnac s’exporte. Au XVIIe siècle, ils sont les maîtres des mers et de grands marchands d’alcools.
Le port de Bordeaux est un haut lieu commercial. Mais grâce au Privilège de Bordeaux (1224 – 1776), les vins de Bordeaux sont réservés aux Anglais. Les Hollandais sont contraints d’aller chercher plus loin leurs vins. C’est ainsi qu’ils viennent vers l’Armagnac. En outre, les Hollandais sont plus habitués au vin blanc que les Anglais, qui préfèrent le Clairet. Enfin, la mauvaise conservation du vin sur les longs trajets leur fait préférer les eaux-de-vie. Transportées en barrique, elles peuvent de surcroît se bonifier !
C’est d’ailleurs à ce moment que Armagnac devient l’appellation de l’eau-de-vie. Dans les ports, il faut la distinguer des autres, notamment celles du Saintonge et du Languedoc. On l’appelle donc par son lieu d’origine.

Au XVIIIe, la guerre d’indépendance des Etats-Unis (1775-1783) entraine une nouvelle augmentation des exportations : les Américains boycottent whisky et cognac, alcools préférés de leur adversaires anglais et se tournent davantage vers l’Armagnac. Les Gascons saisissent l’opportunité pour améliorer leurs produits, affiner les eaux-de-vie, commencer les assemblages.

Au XIXe, le Gers est le 1er département viticole de France. La technique évolue elle aussi : le début du siècle voit l’arrivée de l’alambic à distillation continue, qui marque une différence majeure par rapport au cognac.

Mais la fin du siècle est marquée par le phylloxéra. Cette maladie se répand sur la Folle Blanche, comme pour le cognac. En 1893, la récolte diminue de trois quarts. Le vignoble couvre alors 100 000 ha dans le seul département du Gers. En 1909, il ne représente plus que 50 000 ha.
Cette période reste cependant positive pour l’Armagnac grâce à la naissance du Baco en 1898. Baco 22A (du chiffre du rang qui portait ce pied dans la pépinière expérimentale) vient du travail d’un instituteur Landais, François Baco. Cet autodidacte inventa ce cépage hybride qui donna une nouvelle couleur au Bas Armagnac et participa du sauvetage de l’eau-de-vie. Le Baco blanc constitue encore aujourd’hui une originalité dans le paysage viticole français. Moins sensible aux maladies, il est de fait plus écologique.

Le XXe siècle sera celui de la réglementation.
Le Décret Faillères de 1909 reconnaît le savoir-faire du pays et définit les trois régions d’appellation Bas-Armagnac, Armagnac Ténarèze et Haut-Armagnac.
Le décret de 1936 donne l’AOC et les règles de productions, les méthodes de production autorisées.
Le décret du 27 mai 2005 reprend toutes les caractéristiques de l’Armagnac encore plus en détail (densité de plantation, mode de taille…).
Enfin, en 2009, la réforme de l’INAO entraine un nouveau cahier des charges.

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Aujourd’hui, l’Armagnac est donc très contrôlé. Il s’exporte à 30 % vers 130 pays et se vend environ 6 millions de bouteilles par an.

A suivre…

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