700 ans de l’Armagnac – 4e partie

Une histoire riche, deux ambassadeurs de poids, un anniversaire symbolique et fort… et pourtant les difficultés sont là.

En France d’abord, où la crise a ralenti tous les mouvements économiques. L’Armagnac n’a pas échappé à la crise, les chiffres de 2009 le prouvent quand 2008 laissait paraître une reprise des ventes. Et les Français boivent plus de whisky que de cognac ou d’armagnac…
A l’étranger, la reprise des exportations en 2010 est de bon augure. Mais quand l’Armagnac vend 6,6 millions de bouteilles, le whisky en vend 1,6 milliards. Normal pour un produit plus authentique, de producteurs ? Oui, mais le Cognac se vend lui à 163 millions de bouteilles !

Un succès en demi-teinte : les différences entre l’Armagnac et le Cognac
Avec cette histoire aussi riche, le demi succès de l’Armagnac laisse perplexe. Son voisin le Cognac est tellement plus connu et vendu, avec ses grandes maisons de négoce, quand l’Armagnac survit par ses petits producteurs ou ses maisons familiales.
Examinons quelques unes de leurs différences :

Dans le goût :

  • Le terroir, bien sûr. Ainsi, même si de nombreux cognacs et armagnacs utilisent l’ugni blanc, la terre et l’exposition modifie les arômes des eaux-de-vie.
  • L’alambic. L’alambic charentais est à double chauffe. L’eau-de-vie qui en sort titre en moyenne à 72°. L’alambic armagnacais offre une distillation continue. L’eau-de-vie en sort entre 54 et 60 °. Certains diront donc que l’Armagnac est meilleur, moins ardent. (La méthode de double chauffe qui avait perdu du terrain en Gascogne au XIXe siècle et qui avait été abolie en 1936 est à nouveau tolérée en 1972 avec l’implantation en Gascogne d’investisseurs… charentais.)
    Alambic

 

Dans sa conception :

Les cognacs ne sont que des assemblages. Le Millésime est une spécificité armagnacaise, une exception dans le domaine des eaux-de-vie. Les millésimes fixent la mémoire de la terre, du ciel, des méthodes utilisées.

Dans l’histoire :

  • La proximité Cognac / Bordeaux : Au XVIIe siècle en particulier, la proximité du port de Bordeaux fut un grand atout pour la région de Cognac.
  • Aujourd’hui, le Cognac bénéficie d’un effet de mode dans le milieu du Rap américain. Ramené aux Etats-Unis par les GI après la Seconde Guerre mondiale, il avait été adopté par les communautés afro-américaines, laissant le whisky à « l’homme blanc ». L’Armagnac ne bénéficie malheureusement pas des faveurs de ces nouvelles icônes du monde de la consommation.

Mais les business models en place sont certainement les plus responsables des différences de notoriété et de vente des deux alcools. L’armagnac est bien atypique dans cette mondialisation étendue.

A suivre…

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